Autore: Ioppolo, Anna Maria
Titolo: Arcésilas dans le Lucullus de Cicéron
Rivista/Miscellanea: Revue de Métaphysique et de Morale 57
Anno edizione: 2008
Pagine: 21-44
Parole chiave: Philosophie - Filosofia - Philosophy
Descrizione: [Abstract] La thèse de l’α᾽δοξαστιʹα du sage est d’une importance cruciale dans l’histoire de l’Académie sceptique, comme le montre le Lucullus cicéronien. Au § 16, Lucullus accuse Arcésilas de tenter de démolir les définitions zénoniennes et de recouvrir de ténèbres les choses les plus claires, accusation dans laquelle l’opposition évident/non évident est implicite. La défense de l’ε᾽ναʹργεια par Antipater montre que celle-ci avait été violemment attaquée par des philosophes antérieurs ou au moins contemporains qui, pour des raisons évidentes, ne pouvaient pas être des Pyrrhoniens. Il est significatif que la conduite permettant d’éviter la position du omnia incerta au § 32 est la même que celle recommandée au § 17 à l’égard de ceux qui, étant les démolisseurs de l’ε᾽ναʹργεια, n’approuvent rien. Cela renforce l’hypothèse selon laquelle les partisans de la position du omnia incerta du § 32 étaient Arcésilas et ses successeurs, probablement Lacyde. La distinction entre « ce qui n’est pas évident » et « ce qui ne peut pas être perçu » laisse un espace pour le probable à l’intérieur du champ éthique, puisque le sage, interrogé sur l’action morale, ne répond pas qu’il ne sait pas « comme s’il était interrogé sur le fait de savoir si le nombre des étoiles est pair ou impair ». Mais si la réponse à l’accusation de vouloir tout rendre non évident est défendue par l’introduction du probable, la philosophie d’Arcésilas ne peut soutenir l’accusation. L’abandon de l’ε᾽ποχη` περι` παʹντων par Carnéade implique une évolution inévitable du sens d’« opinion ». Une fois admis que toutes les choses sont α᾽καταʹληπτα, mais que toutes ne sont pas α῞δηλα, puisque sur le plan de l’action nous utilisons, ou suivons, des représentations probables, la proposition « le sage ne doit pas opiner » devait être réinterprétée. À partir de là, on ne peut exclure que Cicéron considère comme indéfendable le scepticisme radical d’Arcésilas, le promoteur de l’ε᾽ποχη` περι` παʹντων, précisément sur la base des objections avancées par les dogmatiques à la thèse du omnia incerta (§ 32). ABSTRACT — The thesis of the α᾽δοξαστιʹα of the sage is a crucial issue in the history of the sceptical Academy, as Cicero’s Lucullus witnesses. In § 16 Lucullus charges Arcesilaus with trying to demolish Zeno’s definitions and to cover with darkness the clearest things, a charge in which the contraposition evident/non-evident is implicit. This latter appears again in § 32. The defense of ε᾽ναʹργεια by Antipater in § 17 presupposes that this was virulently attacked by either earlier or at least contemporary philosophers who for obvious reasons cannot be Pyrrhonists. It is significant that the behaviour avoiding the stance whereby omnia incerta (§ 32) is the same as that recommended by Lucullus in § 17 toward those who, as being the demolishers of ε᾽ναʹργεια, do not approve nothing. This strengthens the hypothesis that the supporters of the stance by which omnia incerta of § 32 are Arcesilaus and his followers, probably Lacydes. The distinction between « what is not evident » and « what cannot be perceived » leaves room to the probable in the moral field, for the sage, asked for about the moral action, does not answer not to know « as if he was asked whether the stars’ number is even or uneven ». But if the reply to the accusation of willing to make all things non-evident is defended by introducing the probable, Arcesilaus’ philosophy is unfit to face that charge. The abandonning of the ε᾽ποχη` περι` παʹντων by Carneades involves an inevitable evolution of the meaning of opining. Once having admitted that all things are α᾽καταʹληπτα, but that not all of them are α῞δηλα because on the plane of action we use or follow probable representations –, the proposition that « the sage cannot and must not opine » should be reinterpreted. Hence, the possibility cannot be excluded that Cicero holds as indefensible Arcesilaus’ radical scepticism, the fosterer of ε᾽ποχη` περι` παʹντων, precisely on the basis of the objections raised by the dogmatics against the supporters of the thesis whereby omnia incerta (§ 32).
Sigla autore: Ioppolo 2008
Titolo: Arcésilas dans le Lucullus de Cicéron
Rivista/Miscellanea: Revue de Métaphysique et de Morale 57
Anno edizione: 2008
Pagine: 21-44
Parole chiave: Philosophie - Filosofia - Philosophy
Descrizione: [Abstract] La thèse de l’α᾽δοξαστιʹα du sage est d’une importance cruciale dans l’histoire de l’Académie sceptique, comme le montre le Lucullus cicéronien. Au § 16, Lucullus accuse Arcésilas de tenter de démolir les définitions zénoniennes et de recouvrir de ténèbres les choses les plus claires, accusation dans laquelle l’opposition évident/non évident est implicite. La défense de l’ε᾽ναʹργεια par Antipater montre que celle-ci avait été violemment attaquée par des philosophes antérieurs ou au moins contemporains qui, pour des raisons évidentes, ne pouvaient pas être des Pyrrhoniens. Il est significatif que la conduite permettant d’éviter la position du omnia incerta au § 32 est la même que celle recommandée au § 17 à l’égard de ceux qui, étant les démolisseurs de l’ε᾽ναʹργεια, n’approuvent rien. Cela renforce l’hypothèse selon laquelle les partisans de la position du omnia incerta du § 32 étaient Arcésilas et ses successeurs, probablement Lacyde. La distinction entre « ce qui n’est pas évident » et « ce qui ne peut pas être perçu » laisse un espace pour le probable à l’intérieur du champ éthique, puisque le sage, interrogé sur l’action morale, ne répond pas qu’il ne sait pas « comme s’il était interrogé sur le fait de savoir si le nombre des étoiles est pair ou impair ». Mais si la réponse à l’accusation de vouloir tout rendre non évident est défendue par l’introduction du probable, la philosophie d’Arcésilas ne peut soutenir l’accusation. L’abandon de l’ε᾽ποχη` περι` παʹντων par Carnéade implique une évolution inévitable du sens d’« opinion ». Une fois admis que toutes les choses sont α᾽καταʹληπτα, mais que toutes ne sont pas α῞δηλα, puisque sur le plan de l’action nous utilisons, ou suivons, des représentations probables, la proposition « le sage ne doit pas opiner » devait être réinterprétée. À partir de là, on ne peut exclure que Cicéron considère comme indéfendable le scepticisme radical d’Arcésilas, le promoteur de l’ε᾽ποχη` περι` παʹντων, précisément sur la base des objections avancées par les dogmatiques à la thèse du omnia incerta (§ 32). ABSTRACT — The thesis of the α᾽δοξαστιʹα of the sage is a crucial issue in the history of the sceptical Academy, as Cicero’s Lucullus witnesses. In § 16 Lucullus charges Arcesilaus with trying to demolish Zeno’s definitions and to cover with darkness the clearest things, a charge in which the contraposition evident/non-evident is implicit. This latter appears again in § 32. The defense of ε᾽ναʹργεια by Antipater in § 17 presupposes that this was virulently attacked by either earlier or at least contemporary philosophers who for obvious reasons cannot be Pyrrhonists. It is significant that the behaviour avoiding the stance whereby omnia incerta (§ 32) is the same as that recommended by Lucullus in § 17 toward those who, as being the demolishers of ε᾽ναʹργεια, do not approve nothing. This strengthens the hypothesis that the supporters of the stance by which omnia incerta of § 32 are Arcesilaus and his followers, probably Lacydes. The distinction between « what is not evident » and « what cannot be perceived » leaves room to the probable in the moral field, for the sage, asked for about the moral action, does not answer not to know « as if he was asked whether the stars’ number is even or uneven ». But if the reply to the accusation of willing to make all things non-evident is defended by introducing the probable, Arcesilaus’ philosophy is unfit to face that charge. The abandonning of the ε᾽ποχη` περι` παʹντων by Carneades involves an inevitable evolution of the meaning of opining. Once having admitted that all things are α᾽καταʹληπτα, but that not all of them are α῞δηλα because on the plane of action we use or follow probable representations –, the proposition that « the sage cannot and must not opine » should be reinterpreted. Hence, the possibility cannot be excluded that Cicero holds as indefensible Arcesilaus’ radical scepticism, the fosterer of ε᾽ποχη` περι` παʹντων, precisely on the basis of the objections raised by the dogmatics against the supporters of the thesis whereby omnia incerta (§ 32).
Sigla autore: Ioppolo 2008